L’art martial Karate-Do se décline, de plus en plus, en des formes qui peuvent sembler éloignées de sa pratique traditionnelle. Certains diront que « c’est dommage », d’autres « que le Karaté se modernise ». Et enfin d’autres (comme moi) pensent que le Karate-Do a toujours été pluriel, permettant ainsi à chacun d’adapter sa pratique dans le respect d’un héritage structurant. Cet héritage, a d’ailleurs, bien évolué au fil des siècles de l’Inde à Okinawa, puis de l’archipel japonais à l’Europe.
Dans l’imaginaire collectif, le Karate est souvent associé à une filmographie et à quelques scènes cultes. Parfois le terme « Karaté » était même juxtaposé à d’autres pratiques, voire confondu avec d’autres arts martial : taekwondo, kung-fu, viet-vo-dao, …
Notre société aime les stéréotypes. J’ai grandi écartelé entre le Karaté traditionnel et la boxe américaine « Full Contact » sous l’impulsion de Dominique Valéra (voir mon parcours). A la boxe, je pouvais entendre « le Karaté n’est pas réaliste, vous ne portez pas les coups » et au Karaté « la boxe est un sport brouillon sans discipline ». Pas facile de construire une pratique plurielle et consensuelle dans ces antagonismes, issus d’élèves ayant une pratique quasi-sectaire. Mais cela me permet d’écrire ces quelques lignes d’ouverture une grosse vingtaine d’années plus tard.
Un art martial et plusieurs styles de Karaté
Adolescent, j’ai longtemps cru qu’il n’y avait qu’un seul style (ryu) de Karaté : celui que je pratiquais ! Ensuite, j’ai appris qu’il y avait d’autres styles mais que le Shotokan (fondé en 1939 par Gichin Funakoshi) était le meilleur. Ma pratique du Karaté était donc relativement enfermé dans ce style durant presque 10 ans : position basse (renforcement musculaire), déplacement stable, blocage dur et attaque explosive. Ce n’était pas une mauvaise chose car il ne faut pas trop se disperser pour progresser dans une voie. Par ailleurs, la pratique du Kick Boxing m’apportait déjà un regard différent sur l’aspect combat.
Ce n’est qu’en 2001 que je me suis ouvert à d’autres styles en commençant par un an de Shito–Ryu (position plus haute et défense plus souple) à Séville (Andalousie). Puis des stages de Wado–ryu, Goju–ryu, … jusqu’à la pratique du Kyokushinkaï en Suède (plus … rugueux). Ensuite, j’ai encore élargie grâce aux stages de la Fédération Française de Karaté : Yoseikan Budo (une révélation), Arts Martiaux Vietnamiens, Krav Maga.
Une Fédération Française de Karaté qui insuffle l’esprit d’ouverture
Vous trouverez sur le site Web de la Fédération Française de Karaté, toutes les disciplines associés : la plupart sont d’autres arts martiaux ou d’autres styles de Karaté. Dans la rubrique « Karaté », vous trouverez aussi des pratiques récentes comme le « Body Karaté » (forme fitness avec de la musique) ou le « Karaté Défense Training » (approche Self Défense) qui répondent à de nouvelles attentes. Depuis, le « Karaté Mix » a fait son apparition pour faire écho à la déferlante MMA.
Personnellement, venant d’une approche traditionnelle et sportive, j’ai parfois du mal à me projeter dans ces nouvelles pratiques (notamment fitness). Mais j’essaie de découvrir à travers des stages afin de voir si cela peut répondre à de nouvelles aspirations chez moi … ou chez les élèves !
Par ailleurs, il est important de ne pas nous enfermer dans une pratique qui répondrait aux attentes de moins en moins de gens et plutôt rechercher un compromis correspondant à notre époque.
Des pratiques différentes du Karaté adaptées à tous !
Durant mes études ou des voyages, j’ai parfois croisé des approches ou des pratiques bien éloignées de ce que je connaissais. C’était souvent lié à l’adaptation culturelle de la pratique fondamentale. Je crois vraiment que rien n’est mauvais si c’est pratiqué avec envie et dans le respect du code moral du Karaté.
Le Karaté, pour moi, a été une école de vie.
Il doit le rester ! Une pratique dans toutes ses formes doit répondre aux attentes du moment en termes de :
- maintien de forme physique (taï so),
- stabilisateur de la charge mentale (mokuso),
- canalisateur et défouler (kata et kumite),
- approfondissement technique,
- confiance en soi,
- self-defense,
- …
Image principale parRENE RAUSCHENBERGER